Le Noyer : Plus bel Arbre d'Europe
Aujourd'hui, nous allons plonger dans l’histoire et les connaissances entourant le Noyer Commun. De son nom scientifique Juglans, cet arbre est caractéristique des campagnes françaises. Il est présent dans nombre de forêts et on retrouve régulièrement sa vieille silhouette à la croisée des chemins. Doté d’un feuillage dense, il nous protège des rayons du soleil et de la chaleur au cœur de l'été.
Reconnu pour son fruit à coque ciselé au goût subtil de noisette, il aromatise nombre de nos plats. C’est à l’automne, qu’il nous livre son mets que l’on grignote avec gourmandise.
Également apprécié pour son bois précieux, il habille nos maisons de sa chaleur et de son raffinement. Entre histoire et botanique, voici la biographie d’un arbre emblématique, le Noyer.
1. Le Nom du Noyer
Son Nom Latin
Depuis l'époque romaine, la confusion règne. C’est grâce aux mots, que nous pouvons retracer l'origine du nom botanique du noyer. Par la source grecque, la noix dévoile sa provenance persique ou son titre de noix royale aussi appelée karuon basilikon en grec.
Arrêtons-nous un moment sur les circonvolutions développées autour de karuon, le mot grec pour dire noix. Karuon se prétend dérivé de kara, signifiant à la fois la tête de l’homme et la cime de l'arbre. Cette analogie provient de la ressemblance entre la forme du cerveau humain et le cerneau de noix.
Le terme karuon est tout de même à l'origine de l'appellation du genre Carya, qui regroupe des arbres étant des cousins proches du noyer.
Le gland de Jupiter, Jovis glans, est à l'origine de l'arbre portant les noix divines, Nux juglans. La noix remonte à la haute Antiquité. Elle a l’aspect d’un noyau contenant une graine prête à germer. On l’appelle noyau, car la noix vient de nux, signifiant noyau en latin. C’est de ce nucléus originel qu’elle a hérité son x muet. C’est donc par son fruit, que l’arbre est nommé.
C’est en 1753, que le naturaliste Suédois Carl Von Linné baptise l’espèce Juglans.
Mais d'ici ou d'ailleurs, le noyer n'est pas le même.
En Amérique, le noyer noir aussi appelé Juglans nigra domine. En France à l’inverse, on parle du règne de Juglans regia (regia signifiant royal en latin). Dans notre vocabulaire de tous les jours, le noyer est dit royal ou commun selon la place qu'on lui accorde. Les sujets britanniques lui confèrent aussi ses lettres de noblesse en l'appelant royal walnut-tree.
Le noyer Juglans donne son nom à la famille des Juglandacées, qui fut déterminée scientifiquement en 1836. De nos jours, les trois genres principaux sont Juglans, Carya et Pterocarya.
2. Histoire du Noyer et Géographie
Origine et provenance du Noyer
Des fossiles de fleurs, de fruits et de pollen attestent de l'existence du noyer dans l'hémisphère Nord dès le quaternaire. Ces empreintes font remonter le noyer à l'ère tertiaire et même pré tertiaire.
Juglans clarnensis, espèce originaire de l'Oregon aux États-Unis, en est le doyen avec une provenance du milieu de l'Eocène. En Amérique, Juglans siouxensis renoue avec l’histoire indienne. Enfin, le noyer livre les bases de son aire préhistorique avec le Juglans siberica originaire de Russie et le megacinerea du Japon.
Mais avec le temps, le nombre d'espèces survivantes s'est réduit à une petite vingtaine, réparties en Asie tempérée et en Amérique septentrionale.
C’est d'ailleurs en Californie que s'étendent les plus vastes noyeraies du monde. Cette essence d’arbre voyage peu, ne se sème pas facilement, et à l'époque des grandes glaciations, elle n'a subsisté qu'en quelques lieux confinés.
En France, l'arbre aux noix laisse des traces. Des découvertes fossiles viennent confirmer les constatations des botanistes voyageurs de 1883. Celles-ci permettent d’établir qu’à l'état “spontané”, c'est-à-dire se développant naturellement, le noyer était présent de l'Europe occidentale jusqu'au Japon. Cependant, il n'est pas prouvé qu'il soit spontané en Chine mais sa présence en Inde l’est et se lit en sanskrit, Akshoda.
L’Histoire du Noyer Commun, un arbre éxotique
Le noyer commun aussi appelé Juglans regia, nous vient d'Asie centrale et non des reliques provençales qui n'ont pas survécu aux glaciations. C'est là, au cœur du monde, qu'il préexistait sous forme buissonnante, comme arbre des forêts aux côtés des chênes et des érables.
Grâce aux recherches archéologiques, il nous est possible de retracer l’expansion du noyer. Partant du nord de l'Iran, du Tadjikistan, de Kirghizie, de l'Ouzbékistan et des monts himalayens, son chemin au cours des siècles le conduit à s'adapter à son environnement. Après avoir traversé le Caucase, puis l'Asie Mineure et les Etats balkaniques, il traverse les mers grâce aux célèbres affrontements entre les Perses et les Grecs. Le monde grec mène à l'Empire romain, et par la suite à la Gaule.
Alexandre le Grand, quant à lui, rapporte de ses conquêtes d'autres formes de noyers, à fructification latérale, qui étaient probablement très proches du noyer originel centre-asiatique.
Lors de son exploration du monde, Magellan part découvrir l'Amérique du Sud et y transporte des semis de Noyer. Bien acclimatée, une certaine noix du Chili, la 'Payne', colonise le territoire et remonte jusqu’aux paysages californiens, en Amérique du Nord.
3. Les caractéristiques du Noyer
Taille du Noyer et croissance
Notre majestueux noyer commun étale son ombre épaisse du haut de sa cime de vingt à vingt-cinq mètres. Avec un tronc d’un mètre et demi à deux mètres de circonférence, il arrête sa croissance entre 70 et 80 ans.
Le noyer noir, originaire d’Amérique du Nord peut quant à lui croître jusqu'à cinquante mètres, et plus rapidement que notre noyer royal. Sa mise à fruit intervient aussi plus tôt, entre la sixième et la neuvième année, et sa production commence à partir de quatorze ans.
Combien de temps met un Noyer à donner des Noix ?
Pour le noyer des régions européennes, il ne produit ses fruits qu'à vingt-cinq ans et il commence à fructifier entre douze et quinze ans. Évidemment, cela varie en fonction du sol et du climat. L'objectif premier des recherches scientifiques effectuées sur les noyers est de réduire la durée d'improductivité du noyer.
Mais pour qui sait attendre, sa Majesté le Juglans regia fructifie pendant plus de deux cents ans et peut vivre très longtemps.
Durée de vie d’un noyer
Cela dépend de plusieurs critères. La qualité du sol, l’environnement dans lequel l’arbre évolue, l’activité humaine, etc. En règle générale, le Noyer peut vivre 300 ans. Il arrive cependant que certains spécimens aient une vie plus longue. Par exemple, des écrits datant de 1900 rapportent l'arrachage d'un noyer âgé de plus de neuf cents ans.
4. Juglans Regia
Le Noyer botanique
Le Juglans regia ou noyer dit "commun" ou "royal", est un arbre au tronc droit, large et cylindrique. Sa cime, étendue et arrondie, se dresse à plus de 20 mètres. Ses branches sont épaisses et étalées. Les rameaux sont gros, glabres, à moelle cloisonnée, compartimentée par des lamelles transversales. Les feuilles sont caduques et alternées. Quant à ses folioles, elles sont ovales, entières et sont au nombre de cinq à neuf, disposées par paires avec une unique foliole terminale qui est la plus grande. Chacune atteint six à douze centimètres de long, ou même parfois plus encore.
Les feuilles de Noyer
Les feuilles sont coriaces et glabres, sauf quand elles sont jeunes et qu'une petite touffe de poils pousse à la naissance des nervures secondaires.
Au printemps, les nouvelles feuilles arborent une légère teinte rouge avant de prendre une couleur vert foncé. Le cycle de végétation du noyer est assez court : ses bourgeons globuleux à deux écailles brunes, sont attachés directement au rameau et se développent tardivement. Ses feuilles qui prennent une teinte grise-brune tombent quant à elles tôt à l'automne.
L'écorce de Noyer
Le noyer blanchi au fil des années, avant de se rider dans l'âge mûr. Son écorce est lisse et unie jusqu'à l'âge de vingt-cinq ou trente ans. Par la suite, celle-ci se contracte et des “gerçures” se forment à sa surface, ce qui ternit la couleur.
A l'âge tendre, l'écorce des rameaux de l'année est verte et l'année suivante, elle brunit au soleil. Ensuite, elle s'éclaircit progressivement pour prendre une belle teinte grise argentée, avant de se fendre en crevasses cendrées.
Les racines du Noyer
Les racines du noyer sont quant à elles à géométrie variable. Durant ses premières années, elles s'enfoncent à cinquante, voire à quatre-vingts centimètres. Par la suite, celles-ci peuvent aller jusqu'à trois ou cinq mètres de profondeur, si toutefois le sol le permet. Sédentaire, il déteste déménager, car sa racine pivot en serait détruite. Chaque noyer est doté d'un pivot qu'il ne faut surtout pas abîmer. C’est d’elle que provient la ronce de noyer qui est recherchée en ébénisterie.
5. Reproduction du Noyer
Les fleurs du Noyer
Le noyer est un arbre monoïque. Cela signifie que sur un seul arbre, on a des fleurs mâles et des fleurs femelles. Ces fleurs unisexuées sont printanières, elles éclosent au mois d'avril ou au mois de mai selon le temps, avant que les feuilles émergent complètement de leur bourgeon frileux. On ne peut pas dire que ces fleurs soient belles ; elles sont principalement là pour la reproduction. Les fleurs mâles sont réunies en longs chatons cylindriques d'environ cinq à dix centimètres. Leurs chatons sont axillaires ou latéraux et sont rattachés à la partie supérieure des rameaux de l'année précédente. A leur base se distinguent les écailles du bourgeon. Les fleurs femelles sont quant à elles groupées en épis de deux ou trois fleurs disposés à l'extrémité des pousses de l'année précédentes. Notez qu’à leur jeunesse, les noyers ne portent que des fleurs femelles.
Les noyers sont autofertiles, mais les fleurs mâles parviennent à maturité quelques jours avant les fleurs femelles. La fécondation est alors croisée. La pollinisation intervient grâce au vent, car les abeilles n’y participent pas. Il peut toutefois arriver qu'un noyer solitaire ne soit pas pollinisé puisque la maturité des fleurs intervient à des moments décalés.
Un gel tardif, même bref, est donc redoutable, car à la repousse, le noyer ne porte que des fleurs femelles sur les rameaux nouveaux. De fait, la fécondation n'est pas possible. Afin de parer à ces aléas, on plante un arbre plus tardif, sous le vent dominant et en lisière de plantation. Cet unique individu suffit, car ses chatons mâles contiennent suffisamment de grains de pollen pour féconder tout un arbre.
6. Culture du Noyer en France
Le Noyer Français
En France, le noyer s’est parfaitement acclimaté. Il croît dans les sols pauvres, peu profonds et situés sur les hauteurs. En effet, il craint l’ombre et l’humidité, ce qui explique qu’il n’apprécie pas les vallées ni les forêts.
Dans l’hexagone, on le trouve dans deux grandes aires. La première correspond au territoire du Limousin, du Périgord et du Quercy et la deuxième correspond au Dauphiné. En plus de ces deux zones, on trouve également des représentants de l’espèce en Alsace, où il est prisé pour son bois.
Ses besoins climatologiques et la difficulté de sa multiplication par greffe, font du noyer un arbre très localisé. En effet, la Dordogne par exemple, n'est qu'une vaste noyeraie parsemée de noyers et de petits châteaux. Au bord des routes, s'étendant le long des champs, le noyer est un élément constitutif du paysage périgourdin. Sa silhouette sauvage est souvent dénudée et peut paraître hostile et aride au milieu des coteaux verdoyants.
Le Noyer du Périgord
Au XVIIIe siècle dans le Périgord, le noyer était utilisé dans deux emplois. Le noyer ordinaire était là pour la production fruitière et le noyer de jauge comme arbre d'ornement de parc ou d'avenue. Puis le noyer fut planté au XIXe siècle de façon extensive, à l'incitation de Napoléon. A cette époque aussi, il était planté en bordure de chemin ou disséminé çà et là, jusqu’à occuper une grande partie de la Dordogne. Premier producteur au monde, la France était reconnue pour la qualité de ses noix, ses noix du Périgord étaient même réputées outre-Atlantique.
Plus tard au XXe siècle, la production diminua et les régions productrices modernisèrent leurs cultures. En effet, les plantations contemporaines tiennent compte de la mécanisation du travail agricole et du rendement fruitier.
Partie intégrante du paysage et du mode de vie, des noyers furent de nouveau plantés. Juglans nigra fut la vedette des années soixante, porte-greffe sujet de tous les espoirs. Trente ans plus tard, Juglans regia fait un retour en force avec la greffe regia sur nigra. Malgré la patience que sa culture exige et la concurrence des variétés américaines, celle-ci connaît une accélération des plantations depuis 1988-1989. L'Alsace, quant à elle, poursuit fidèlement sa vocation de noyeraies à bois.
7. La Production du Noyer
Les noix mûres tombent au sol pour s’y semer. Résistantes, elles peuvent se semer l’année suivante. Au moment de la semis, elles lèvent vers la fin du mois de mai et atteignent dix à quatorze centimètres en un an. Elles s'enracinent tout de suite profondément. Il convient donc de les disposer à leur emplacement définitif dès que cela s'avère possible. Celui-ci se doit également d’être protégé du soleil pour éviter les nécroses qu'il provoque. D'aucuns prescrivent de semer au cours de l’automne les fruits, toujours protégés par le brou à huit ou dix centimètres de profondeur.
Si vous souhaitez planter un jeune noyer en pot, il vous faudra tout d’abord creuser un trou. Pour cela faite en un de 1 mètre de diamètre et de profondeur. Placer ensuite de l'engrais pour arbre fruitier dans le fond du trou. Avant d’y mettre l’arbre, faites tremper la motte dans de l’eau. Afin de le guider dans sa croissance, mettez un tuteur à son pied avec des liens de façon à l’attacher. Pour ne pas abîmer le tronc, faites des huits lorsque vous le reliez. Par la suite, reboucher le trou tout en formant une cuvette autour du pied. Pour finir, il ne vous reste plus qu’à remplir la cuvette d’eau. La nature se chargera du reste.
La greffe du Noyer
C'est une ancienne alchimie, réputée comme moyen pour les hommes de se substituer de mère nature en produisant une espèce nouvelle.
Au Moyen-Âge, on pensait pouvoir marier la vigne au muscadier pour donner du vin "muscadet", ou au cerisier pour avoir des grappes au printemps. Cuisine ou rêves, prémices de la recherche génétique, la greffe du noyer s'est toujours entourée de mystère. Car les greffes traditionnellement utilisées pour les arbres fruitiers, en fente ou en écusson, ne réussissaient pas avec le noyer, sa moelle occupant une trop grande place. De nos jours, les Français détiennent toujours l'apanage de la greffe du noyer. Pour multiplier les noyers de façon industrielle, on emploie la greffe en placage qui a remplacé la greffe en flûte, ou bien la greffe du noyer en chambre chaude anglaise.
Le greffon ligneux est sectionné en biseau et collé au porte-greffe également taillé en biseau. La cicatrisation s'effectuant ensuite dans une atmosphère chaude.
En revanche, pour les autres greffes, le greffage se fait sur place. Par exemple, si vous avez un beau noyer à greffer, le greffeur viendra chez vous. Il opérera sous vos yeux une greffe en couronne, ou en fente avec un rameau soigneusement préparé de la variété que vous souhaitez avoir. Là encore, une aide est suffisante, mais il est impossible de l’effectuer sans être initié.
8. Les Besoins du Noyer
Le développement du Noyer
C'est sur des terrains empierrés que le noyer se plaît. Il glisse ses racines dans les interstices pour établir son assise. Galets roulés des anciennes vallées alluviales, sols pauvres et caillouteux du Périgord, il aime ce qui déplaît à la plupart des essences feuillues. C’est le bon écoulement de l'eau, qui doit être retenue sans pour autant stagner, lui importe plus que la composition du sol. On le rencontre sur des sols calcaires avec un peu d'argile et d'humus. Il cohabite parfois avec la vigne, le maïs ou le tabac.
Le Juglans résiste moins aux grands vents, qui ralentit sa reprise et sa croissance. Lumière et espace sont essentiels au noyer commun. En effet, lorsqu’il est jeune, il craint même la concurrence de l'herbe. Isolé et solitaire, il se plaît sur les coteaux ou les terrasses, non exposés aux vents gelant, là où poussent le sureau et l'ortie. Il aime la chaleur et a besoin de plus de dix degrés pendant six mois de l'année, surtout en période de végétation. Le froid, sans être extrême, est indispensable pour fructifier. Le noyer pouvant supporter des températures allant jusqu’à moins vingt degrés. C'est un arbre thermodynamique bien adapté au climat continental. Mais il redoute plus que tout les gels très tardifs survenant après une période de redoux. Ils abîment les jeunes bourgeons et compromettent la fructification. Répétés, ces gels peuvent même provoquer parfois la mort de l'arbre. Quant au gel précoce qui intervient en automne, avant l'aoûtement complet, il détruit les jeunes pousses.
Irrigation du Noyer
Le noyer a des besoins en eau mesurés. La grosseur de la noix dépend de la quantité d'eau reçue au cours des trois semaines qui suivent la formation des fruits, ou nouaison. Trop d'eau au moment de la floraison provoque des dommages.
Les années sèches avec de bonnes pluies à la mi-juillet et à la mi-août sont des années à noix, alors que les années pluvieuses favorisent les beaux fruits juteux. La pluie fait alterner les plaisirs.
Entretien du Noyer
Très longtemps, cet arbre a été planté sans être entretenu par la suite. Mais pour une bonne croissance, l'apport annuel et progressif d'engrais est conseillé. Cet entretien consiste en de légers labours qui enfouissent feuilles, fumier et fumure à l'automne. S'accompagnant des labours peu profonds au printemps pour détruire les herbes dites mauvaises. Ce travail très superficiel se doit de suivre le même parcours dans le même sens, année après année, afin de ne pas déranger le système racinaire.
Taille et élagage du Noyer
Pour avoir un beau noyer, il est nécessaire de bien le tailler, surtout dans son jeune âge pour qu'il acquière une belle conduite.
Les vergers actuels évoluent vers l'intensification du rendement. La taille de formation s'inscrit dans cette lancée pour permettre à l'arbre d'avoir au cours de sa première année un développement végétatif important. Caractéristiques de base pour de la production ultérieure de noix ou de bois. Cette taille vise à couper les pousses superflues pour favoriser celles qui sont dans l'axe du tronc. Les variétés traditionnelles sont conduites en gobelet. C'est-à-dire que les futures branches qui vont charpenter l'arbre s'insérant le long du tronc à des points différents et les nouvelles variétés à fructification latérale sont conduites en axe. Les fourches, qui pourraient un jour se rompre, sont supprimées.
L'élagage intervient une fois la formation finie, tous les trois ans, au moment de la chute des fruits ou pendant la courte période de descente de la sève. Il s'applique à retirer les pousses intérieures qui ne donnent que des petits fruits et à retrancher les branches le long du tronc afin d'avoir une belle bille sans nœuds. Le noyer supporte mal les tailles sévères et cicatrise mal si les branches à couper ont plus de trois ou quatre centimètres de diamètre. L'instrument recommandé ici pour la taille est la serpette, pour une coupe nette, sans comprimer les fibres du bois.
9. Le Bois de Noyer
l’Acajou d’Europe
Le bois du noyer est longtemps resté le bois le plus précieux de France. C’était le bois le plus beau de l'ancien monde avant la découverte de l'Amérique d'où sont venus des bois exotiques, adorés des ébénistes.
Les titres ne manquent pas pour décrire le noyer, mais celui dont il se glorifie le plus est celui d'acajou d'Europe. Hormis le brillant, son bois à grain fin et serré ressemble fort à celui de l'acajou. C'est un bois homogène, qui est mi-dur, lourd et possède peu de nervures. L'aubier a une teinte jaune fauve et son bois de cœur est brun parsemé de veines marron et noir.
Tantôt veiné, ronceux, moucheté, flambé, moiré ou chenillé, la teinte rosée et brune foncée que prend le bois en vieillissant apporte encore plus de charme à cette matière d’exception.
Ses délicats dessins inscrits dans le bois forment le décor recherché pour les pièces en bois haut de gamme. Noyer blanc ou noyer noir, les préférences sont le fait des époques. Le bois du Juglans regia est plus lourd et mieux veiné que celui du noyer noir, au teint violacé.
En plus de cette esthétique, il est apprécié par les outils du menuisier. Il est doux, facile à travailler en tous sens et il ne se tourmente pas ni ne se rétracte. Durable, il est susceptible de recevoir un beau poli avec le temps.
Afin d’effectuer du mobilier ou des accessoires avec du noyer, il faut effectuer une taille appropriée du tronc et de son branchage. L’objectif étant de lui donner un beau tronc bien droit, en bonne santé, sans branches basses ni grosses cicatrices.
Ses qualités esthétiques et durables en font un bois de choix, avec un prix généralement assez élevé. Mais le noyer se fait rare. La production était de 200 000 mètres cubes par an au début du siècle et n’est plus que de 40 000 mètres cubes de nos jours.
Pourtant, c'est un des rares arbres à pouvoir être vendu isolément. La liste des faits qui ont conduit à cet appauvrissement est la suivante : la guerre de 1914 - 1918 où l’on fabriquait des crosses de fusil en bois de noyer, les gels tardifs, la baisse de la production d'huile de noix et enfin le fait que le noyer n'a que peu été replanté.
En effet, ces arbres sont gênants car ils nécessitent un espace conséquent. Les plus grandes réserves de bois de noyer, sont aujourd’hui les régions de production de noix. Cependant, avec l'essor des produits respectueux de l’environnement, le noyer redevient à la mode. Les plantations et l’espèce se re démocratisent.
Le plus beau bois d’Europe
Il est depuis toujours, considéré comme le plus beau de tous les bois d'Europe pour faire des meubles et des objets. Lorsqu’il est bien veiné, il est également considéré comme le bois le plus cher du vieux continent. Grâce à ses caractéristiques, les menuisiers, les ébénistes, les armuriers, les sculpteurs, les luthiers et les maroquiniers l'apprécient grandement.
Les meubles en Noyer
Déjà sous l’empereur romain Tibère, les meubles en noyer étaient fort appréciés et encore aujourd'hui les armuriers anglais sont férus du bois de noyer périgourdin. Dans le Dauphiné, c'est en noyer royal que les meubles sont faits. Au XVIIIe siècle, Jean-François Hache, digne représentant de l'illustre famille d'ébénistes grenoblois, s'attache à poursuivre l'œuvre de son père et se distingue par l'ornementation de ses meubles. Les pièces sont faites de loupe et de racines de noyer disposées en panneaux, cannelés et cernés de noir.
Les menuisiers périgourdins se sont rendus maîtres dans l'art de lisser et de polir leurs articles en noyer par une patine précieuse, secrètement préparée.
Dans la riche Alsace, où le meuble est roi, le noyer est l'essence reine malgré les arbres de la forêt vosgienne. Chaises à dossier ajouré, armoires plaquées, jolis "scribans", des secrétaires particuliers, moulurés ou marquetés, le noyer permet de tout faire.
Elevé au rang de "noyer d'Auvergne", le noyer noir a acquis, entre Ambert et Issoire, une solide réputation. Celle-ci fut concrétisée par des buffets à deux corps, à corniche saillante et décorés de motifs géométriques. Le bois de noyer se plie toujours aux aspirations humaines pour faire des objets d’artisanat magnifique.
10. La Noix
Les différentes variétés de Noix
Pour les non-initiés, toutes les noix se ressemblent entre elles. Cependant, chacune a son parfum, sa texture, sa saveur, ou encore une coque qui se brise facilement ou qui nécessite un casse-noix. Chacune se glorifie d'être enflée, de tenir debout ou de rouler ou encore d'être profondément sillonnée ou peu.
Chaque région a ses variétés, qui ont trouvé leur place dans l'histoire et la langue d'une contrée. L'homme depuis toujours travaille à faire coïncider la nature avec ses goûts et ses besoins.
C’est dès le XIIIe siècle que les variétés sauvages ont été améliorées par la culture et par la greffe. En Dordogne, de nombreuses variétés de noix participaient aux plaisirs de la table, participant à créer le terroir de la région.
La noix Corne, bonne paysanne rustique et vigoureuse, à la coque dure et épaisse. La précoce noix Marbot, aplatie aux extrémités, grosse et débonnaire comme le Corrézien qui lui a donné son nom. L'Amande allongée et délicieuse. La Coutures, la Jauge ou encore la Lara, sont d’autres variétés moins connues.
Les variétés destinées à orner les gâteaux de première communion, à faire le bonheur des pâtissiers, à donner ces cerneaux si particuliers, se nommaient noix de Brantôme, noix de Saint-Jean, noix de Grandjean et noix de Nogaret, et surtout la noix de Carême.
L’Histoire de la Noix
Ce fruit daterait de plusieurs millions d’années. Découvert lors de fouilles archéologiques, elle serait un reliquat de l’ère tertiaire.
Au cours des dernières siècles, l'histoire des espèces et des variétés suit un cours rythmé par les maladies (1898) et les gels tardifs (1789, 1929, 1939, 1956). En 1956 par exemple, les noyers crurent que le printemps arriverait, mais une période de froid arriva. La récolte fut tuée, ce qui fragilisa le noyer et beaucoup d'arbres furent vendus. Ce ne fut pas une année à noix, mais une année à bois. Les ouragans, plus rares, sont aussi très meurtriers, il y eut 2300 noyers arrachés dans la commune d'Excideuil, en 1968.
A chaque étape, d'anciennes variétés disparaissent et des nouvelles contribuent à uniformiser la noyeraie française.
Qu'en est-il aujourd'hui ?
Les variétés de noix consommables
La variété la plus cultivée en France est la 'Franquette', suivie par le trio grenoblois et périgourdin 'Corne', 'Marbot' et 'Grandjean'.
Pour faire face à la concurrence des Américains, l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) de Bordeaux a lancé un programme de création variétale par hybridation contrôlée. Le résultat a été la Lara, qui permet de produire plus de cinq tonnes de noix sèche à l'hectare, puis la Fernor et la Fernette commercialisées en 1996.
Résultats d'un croisement entre des variétés françaises, à la saveur incomparable et des variétés américaines à haut rendement, ces nouvelles variétés ont été sélectionnées pour divers critères. D’une part, pour leur fructification garantie d'une mise à fruit extrêmement rapide et d'une forte productivité, pour leur faible sensibilité à la bactériose et pour leur floraison tardive qui leur permet d’échapper aux dernières gelées.
11. La Noix, un fruit à coque
Le cerneau de Noix
Le fruit du noyer, la noix, mûrit entre septembre et octobre. Ils sont en forme de drupes à noyau, comme l'olive, la pêche et l'abricot. Pourtant, ce qui est comestible dans le fruit du noyer, à l'instar d’autre arbre fruitier, n'est pas sa partie externe, mais belle est bien l’intérieur. C’est cette partie que l’on appelle cerneau de noix.
Il faut franchir plusieurs remparts avant d'atteindre le cœur de ce fruit. Son enveloppe extérieure est lisse, épaisse, odorante et salissante au toucher. Coriace et verte dans sa jeunesse, elle se ramollit et brunit quand elle tombe à terre. Cette enveloppe que l’on appelle le brou de noix se détache irrégulièrement de la partie interne du fruit à maturité.
C’est sous le brou que l’on se heurte à l'endocarpe ligneux. Sur celui-ci, court une cicatrice apicale et longitudinale. Cette coque rugueuse, irrégulièrement sillonnée, est plus ou moins dure. Celle du Juglans regia est bien tendre et est surnommée la “Noix des mésanges”, car cet oiseau s’en nourrit.
Leur deux hémisphères, sont divisés par des sortes de fausses cloisons fines et incomplètes. Cette graine comestible est entourée d'une mince pellicule, amère et pâle quand le fruit est frais.
12. La récolte de la Noix
Le ramassage des Noix
On l’effectue à la rentrée, aux vendanges ou à la Toussaint. Pour faire tomber les noix, il est de coutume, une fois les noix mûres, de frapper les noyers pour qu'ils donnent leurs fruits. Au gaulage manuel traditionnel succède aujourd'hui le gaulage mécanique par vibreur.
Ce n'est pas très bon pour les noyers transplantés qui ont perdu leur pivot dans le déménagement. Mais cela évite de retourner chaque jour ramasser les dernières noix tombées. Cependant, il arrive que le brou ne soit pas encore à maturité complète, ce qui rend son détachement moins facile.
C’est alors qu’intervient le ramassage, dont la mécanisation progresse jusqu'aux tréfonds des campagnes. Des "doigts" en caoutchouc ramassent les noix préparées par une soufflerie, qui élimine les feuilles pour ne laisser que le fruit.
Les noix, protégées par leur brou, doivent ensuite être séchées et subir la "freinte" afin d'éviter les moisissures sur la coque ou ainsi la pourriture du fruit.
Même si elles sont vendues comme “noix fraîche”, elles doivent perdre un peu d'humidité pour atteindre les 20 % réglementaires. Une fois sèches, elles n'en contiennent plus que 12 % maximum. Elles sont ensuite stockées.
Le stockage des Noix
Traditionnellement, on les disposait en couches minces dans de grands casiers à fond grillagé, appelés "clayettes". Le stockage s’effectuait également dans des greniers aérés, sur des planchers à liteaux. Deux fois par jour, elles étaient brassées pour les débarrasser de leur brou et leur faire prendre l'air. C'est encore la méthode utilisée dans les petites exploitations familiales.
La modernisation évoluant sans cesse, les noix transitent maintenant par des coopératives pour être lavées à l'eau de Javel, désinsectisées, puis séchées mécaniquement. Aujourd'hui, dans le Périgord, à l'initiative de la Coopérative nucicole de Noix LIPEQU, dont les initiales sont l'écho des aires de culture du Limousin, du Périgord et du Quercy, un nombre croissant de nuciculteurs sont équipés de séchoirs et de laveuses dans leur ferme.
Le principe de ces laveuses est écologique et simple. Les noix en rotation dans un grand rouleau à claire-voie sont lavées avec un jet d'eau claire, qui permet d'éliminer rameaux, feuilles et cailloux. Ensuite, elles sont triées à la main sur un tapis roulant avant d'être propulsées dans le séchoir.
Dans les coopératives, les noix sont ensuite calibrées, pesées, triées, emballées, ou cassées et énoisées de façon mécanique. Aujourd'hui, la vente traditionnelle sur les marchés locaux ou dans les greniers disparaît. A la place, les coopératives regroupent les récoltes et assurent une relation stable avec les acheteurs. Fraîches, sèches ou vendues sous forme de cerneaux, (la forme de distribution la plus commercialisée), les noix françaises sont destinées à être exportées vers l'Allemagne, le Danemark, le Benelux, le tout avant la Saint-Nicolas.
Malgré les nombreuses plantations dans le territoire périgourdin ces dix dernières années, la production française, première en qualité, est en baisse. A la fin du XIXe siècle, la France produisait 100 000 de noix, 30 000 tonnes aujourd'hui.
Ces résultats placent donc l’hexagone à la sixième place sur le marché mondial, après les Etats-Unis (200 000 tonnes), la Chine (150 000 mille tonnes), la Turquie, l'Iran et la Russie.
L'avenir de la noix est peut-être aux mains des pays émergents, Hongrie en tête, Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, Ukraine, ou bien des pays méditerranéens comme la Grèce, le Portugal, le Maroc, et des pays de l'hémisphère Sud, Inde, Chili et Australie.
13. Anecdote sur le Noyer et la Noix
Des coques de noix se trouvaient employées à nettoyer les réacteurs ! Injectées par la face avant du réacteur, elles traversaient le moteur en le décapant et en le débarrassant de la calamine et autres impuretés.
De plus, saviez vous que les animaux se nourrissant de noix sont appelés des nucivores ? Avec un régime alimentaire basé sur la noix, ils sont nuciphiles.
Pour eux, l’année se divise en noix :
- Les noix d’automne, fraîches et laiteuses ;
- Les noix d’hiver où les contes sont ponctués de claquements secs des coques brisées ;
- Les noix de printemps, promesses fragiles à la merci des gels ;
- Et enfin, les noix d’été au temps des attentes ensoleillées.
Délicieuses et savoureuses, elles sont présentes dans notre cuisine pour le plus grand plaisir de nos papilles.
14. La Noix dans l’alimentation
Les bienfaits de la Noix sur la santé
Au Moyen Âge, malgré leur mauvaise réputation digestive, les noix sèches étaient consommées plus que les fruits frais, chers et périssables.
La noix de table à l'aspect campagnard, revient à la mode grâce à la vague des produits biologiques. Avec sa coque protectrice, elle est protégée contre les pesticides et elle ne requiert pas de traitements sur le fruit.
Grâce à son apport important en protéine, c’est un formidable relais protéique pour les végétariens.
De plus, sa richesse en acide gras insaturés, en vitamines B1 et PP, en phosphore, en magnésium et en zinc, sont parfaites pour une bonne santé. La Noix nous protège contre certaines maladies, telles que l'hypercholestérolémie ou encore le diabète de type 2.
Usages du cerneau de Noix
C’est avec les cerneaux, déjà prêts à l'emploi, que la noix embellie nos confiseries et émaille nos pâtisseries. Ce fruit du terroir français se déguste dans les gâteaux, les salades ou encore les fromages. Son goût sucré de noisette et sa texture croquante parfument nos plats avec délice. Avec des plats typiques, comme le pain aux noix du boulanger ou encore le gâteau aux noix du pâtissier, ce fruit à coque fait partie intégrante de notre culture.
Afin d’obtenir un cerneau de qualité, l'énoisage est nécessaire. Cet art réalisé avec un maillet sur une plaque d’ardoise plane, consiste à retirer, sans le briser, le cerneau de sa coque. Le cassage et l'énoisage sont encore manuels en France, surtout pour obtenir des cerneaux entiers.
Entre le beurre septentrional et l'olive méditerranéenne, l'huile de noix et les cerneaux ont leurs adeptes circonscrits aux régions nucicoles.
L’huile de Noix
A partir de 1850, les noix et les cerneaux des confiseurs supplantent la production d'huile. Un siècle plus tard, les huiles végétales, de tournesol ou des tropiques, d'un prix inférieur, achèvent et relèguent l'huile de noix à une consommation très limitée. Mais elle retrouve aujourd'hui la faveur des grands chefs. Son goût unique aromatise à merveille nombre de plats de gourmet.
L'huile de noix est également estimée par les peintres pour sa qualité siccative, qui lui permet de se solidifier au contact de l’air.
De vertu sacrée, l'huile participe aussi à la liturgie de la messe de Noël dans les campagnes. Dans le temps, les femmes s'éclairent de petites lampes à huile de noix.
L'huile de noix ne peut s'obtenir qu'à partir de noix bien sèches. Plus les noix sont vieilles et plus elles rendent d'huile.
Au temps d'antan, l'huile se faisait à la ferme. Les cerneaux et les rebuts étaient écrasés à la meule de pierre pour former une pâte appelée "pan nogat". Elle était alors cuite une demi-heure avant d'être enfermée dans un filet et mise à décanter dans des auges de pierre.
L'huile de première pression ainsi recueillie était destinée à la cuisine et la seconde huile obtenue, plus foncée, servait à alimenter les lampes à huile. Deux kilos de cerneaux, soit quatre à six kilos de noix selon les variétés, donnent un litre d'huile.
Le tourteau de Noix
Très calorique, il servait de quatre-heures protéiné aux enfants, on l'utilisait aussi comme engrais, ou bien comme aliment pour les vaches, les dindes ou le gavage des oies. C’est ainsi que la noix rejoignait la truffe dans le foie gras pour les heureux gourmets du XIXe siècle.
Finalement le moulin prit le relais du pressoir familial tombé en désuétude.
Le principe était simple. Trente kilos de cerneaux de 'Corne', 'Grandjean' ou de 'Lande' sont broyés pendant trois quarts d'heure avec un seul litre d'eau de source grâce à un outillage âgé d'un siècle et demi. C’est une meule de calcaire avec une roue de sorbier dentée qui écrase le mélange.
Le résultat, une pâte de noix est mise dans le grand chaudron, alimenté au bois à une température connue du seul maître du moulin. Pas de thermomètres, il n’utilise que son seul palais et doigté. Après trois quarts d'heure de cuisson, cette pâte cuite est mise avec une pelle de bois dans une toile faite de nylon croisé, remplaçant les séculaires peaux de mouton ou de chèvre. C'est ensuite avec une pression de vingt tonnes que sont obtenus quinze litres de liquide ambré, l’huile de noix. Des vestiges de cette opération demeuraient le tourteau de noix.
Recettes avec des Noix
Voici un exemple de recette à réaliser avec de la noix.
- Recette de La Tarte Aux Noix Traditionnelle :
Mélanger environ deux cents grammes de noix hachées avec cent grammes de sucre puis ajouter deux jaunes d'œufs.
Ensuite, ajoutez une cuillère d'eau de noix, ou plus pour les amateurs, et trois grandes cuillères de crème fraîche.
Garnissez un plat d’une pâte sablée et étalez le mélange par-dessus.
Cuire au four à température moyenne pendant environ une demi-heure.
Enfin, pour la finalisation, décorez votre gâteau avec des cerneaux de noix.
Il ne vous reste plus qu'à le servir froid.
- Recette de l’eau de Noix
Cueillez vingt noix vertes, que vous transpercerez à l'aide d'une épingle. Ensuite, mettez à macérer les morceaux sans le brou, dans un bocal exposé au soleil rempli d’un litre d'eau-de-vie pendant deux mois. Passez ensuite la préparation au tamis. Ajoutez-y 450 grammes de sucre, de la cannelle, un clou de girofle ou même de la noix de muscade. Laissez macérer un ou deux mois jusqu'à ce que le sucre soit bien dissous. Filtrez et mettez le liquide dans un flacon bien clos et hermétique.
Autres utilisation du Noyer
Les teinturiers se servaient des racines du noyer, de l'écorce, de la feuille et du brou des noix pour teindre les étoffes en fauve, en café et en couleur noisette.
On utilise aussi le brou pour les teintures. En effet, il se lie parfaitement aux bois ternes pour parfaire leurs couleurs boisées. Bois, tissus, cheveux, le brou, teint tout. Participant également à la mode ensoleillée, le brou s'introduit dans l'huile de bronzage, pour relayer la teinture solaire.
Outre-Manche, les descendants des anglo-saxons, cueillent les noix encore vertes, fraîchement nouées, avant que ne se développe la coque ligneuse. Ils en font un pickle, une substance condimentaire et piquante, antiscorbutique et nourrissante, qui est destinée à rehausser les bouillis de viande.
Le brou se fait aussi l'allié des petits pêcheurs. Il évite de farfouiller dans le fumier pour attraper les vers de terre. La recette est simple, il faut prendre des noix vertes ou un quartier de brou et le râper finement. Ensuite, mettez les copeaux râpés dans un arrosoir et répandez des gouttelettes de l’eau infusée sur un carré de terre. C’est alors que les petits vers de terre sortiront à la surface. Il ne vous reste plus qu’à les attraper.
Couverts d'or ou d'argent, les gros fruits du Juglans regia 'Maxima' servent d'écrins aux petits objets précieux des maîtres parfumeurs et gantiers. Noix à bijoux, noix de jauge sont ses noms vernaculaires, on dit même “écringe” en patois. Dans la petite ville limousine de Nontron, les coques de jauge servent d'étui à de petits couteaux servant à enoiser.
15. Les usages médicinales du Noyer
Le Noyer est-il dangereux ?
Le Noyer et sa feuille, c'est d'abord une odeur et un arôme puissant qui est réputé néfaste. L’adage provenant de la Corrèze "si l'on s'endort sous un noyer, on se réveille avec la fièvre quarte" est reconnu. Mais est-ce vraiment une vérité ou une simple menace pour les paresseux ? La deuxième option est plus probable.
L’écrivain italien Pline l'Ancien, grand rapporteur de la pharmacopée antique, déconseillait les noix aux personnes qui toussaient, car elles irritent la gorge. A l'inverse, cette même noix pilée avec de la rue officinale et de l'huile, était un remède universel contre les angines.
Noyer pharmacologie
Dans le temps, la pharmacie familiale alignait des petits pots, des boîtes en fer-blanc, ainsi que des flacons emplis de poudres, de feuilles séchées, de lotions et de mixtures aux couleurs et aux odeurs étranges. Beaucoup de ces préparations étaient tirées du noyer, de ses racines comme de son écorce, de ses chatons, de ses bourgeons, de ses feuilles, de ses brous ou encore de ses coques et de son huile. L'écorce intérieure du noyer, lorsqu’elle est desséchée, est vomitive, utile pour vider un estomac de substance toxique. Ses chatons réduits en poudre permettent de dissiper les fièvres, contre les suffocations utérines et l'épilepsie.
C'est en poudre aussi que s'utilisent les rubans d'écorce incurvés par le séchage. Avec les racines fraîches pilées, ont extrait un puissant purgatif intestinal.
En incisant une racine tendre, on peut récolter un suc diurétique, utile pour soigner la goutte et la céphalalgie.
Au cours du mois de juin et de juillet, après dissipation des rosées matinales et par vent d'est, on récolte les feuilles du noyer bien vertes.
Celles-ci sont mises à sécher en couche mince dans une atmosphère aérée. Il faut ensuite les conserver dans des boîtes hermétiques au sec pour éviter qu’elle ne s'abîme. Avec une large panoplie de possibilité, ces feuilles sont multifonctions. En infusions, en lotions, pour un lavement afin de soulager tous types de maux, pour éloigner les parasites, refermer les plaies d’un arbre, les feuilles de noyer sont un remède miracle.
Antiscrofuleuses, il était dit dans le temps que les feuilles de noyer bouillies permettaient de soigner la gale, la teigne, l’angine du cheval et les ulcères.
Connue également comme insecticide, les feuilles étaient autrefois utilisées contre les petites bêtes rampantes et les insectes ailés. On s’en servait aussi employées en compresses pour les ampoules, les orgelets, l'inflammation des paupières, en bains contre les engelures et les rougeurs des mains.
En dermatologie, la décoction de feuilles de noyer était bouillie car la vapeur faisait des miracles sur les eczémas suintants. On pouvait aussi s'en laver les mains pour éviter la moiteur et ainsi signer ses méfaits d'empreintes indélébiles.
Dans le temps, la goutte, la leucorrhée et la syphilis se traitent par des infusions de feuilles de noyer. Les coliques par des noix vertes cueillies le jour de la Saint-Jean et les névralgies ainsi que la sciatique était traité grâce au brou. Pour plus de tonus, on préconisait un bon bain, additionné de quelques feuilles. Pour les maux d'oreilles, la noix pilée était le remède parfait.
La Noix est reconnue pour ses nombreuses vertus médicinales. Le fruit du noyer combat le ver solitaire et les vers intestinaux, sous forme d'extrait aqueux de noix vertes ou de brou, par une consommation excessive du fruit sec ou bien en mangeant tous les jours une salade de pommes de terre à l'huile de noix.
Sous forme de noix broyées sur les chairs gangrenées, ou bien en noix mâchées ou pilées avec du sel, des oignons et du miel sur les morsures de chiens enragés, la noix est le cataplasme idéal.
La coque de noix brûlée était utilisée contre les caries. La noix chauffée était appliquée sur la dent et la douleur était alors atténuée. Le brou de noix mâché était aussi un remède contre les maux de dents. Et pour finir, "l'eau de noix" emportait la fièvre à la dose d'une ou deux onces, car provoquait l'exsudation.
Noyer et noix, propriétés médicinales
Cette médecine ancienne a été jetée aux oubliettes et a donné place à la médecine moderne et aux médicaments de synthèse.
Scientifiquement, qu'en est-il ? D'où vient le fait que le noyer repousse les abeilles et que le brou de noix fasse repousser les cheveux ?
Dès le milieu du XIXe siècle, le rôle du noyer fut l'objet de savantes recherches, notamment celles du docteur Charles Négrier dans son ouvrage : “Du traitement des affections scrofuleuses par les préparations de noyer” (Archives générales de médecine, 1841-1850).
La composition chimique des feuilles et du brou de noyer sont presque les mêmes. Ils contiennent :
- une huile essentielle jaunâtre, qui se solidifie à l'air ;
- un tanin très teintant, qui est de l'acide nucitannique qui ressemble aux tanins des noix de galle ;
- des matières pectiques et résineuses, qui correspondent à de l'oxalate de calcium ;
- 3 % d'inositol ;
et enfin une substance âcre et amère, la juglandine ou juglone C1oH5O2 (OH).
C'est la juglone, qui se forme par oxydation chimique, qui empêche la croissance d’autres plantes que s’aurait à côté de l'arbre. C’est, elle aussi, qui écarte les insectes. On l’utilise aussi en dermatologie, car elle est antiseptique et astringente, kératinisante et analgésique. Cette molécule naturelle soigne donc les inflammations de la peau comme l'eczéma, le psoriasis ou l'impétigo, en ôtant la douleur et en éloignant les microbes.
L'inositol, quant à lui, est un stimulant pour les fibres musculaires, ce qui confirme les bienfaits toniques d'un bain aux feuilles de noyer. De plus, la présence d'oxalate de calcium peut être utile en cas de rachitisme.
Avec ces divers composants, les multiples usages de l'infusion de feuilles et de brou ne font plus de doute dans leur usage. En effet, on sait qu'elle permet d'abaisser la glycémie du sang et que ses propriétés anthelminthiques, stomachiques et dépuratives sont tout à fait reconnues.
16. L’arbre noyer dans le jardin
Le Noyer ornemental
Le noyer commun n'a pas le style qui convient à un beau parc. Bien qu'il ait été considéré au siècle dernier comme arbre d'ornement, il est cultivé aujourd'hui pour son brou, ses noix, son huile et son bois de grande qualité. Sa silhouette à cime étalée, son écorce cendrée et fissurée offrent pourtant un attrait esthétique certain.
C'est dans le trésor des autres espèces de Juglans qu'il faut aller fouiller pour dénicher les silhouettes qui embellissent les parcs. Ainsi le Juglans nigra avec son écorce fissurée, marron foncé et sa cime ovale, décore les avenues du Massachusetts à la Floride.
On peut même le cultiver en massifs, car il a besoin de moins de lumière que le noyer européen. Son tronc est dépourvu de branches sur une grande hauteur et son bois est très prisé pour ses qualités tant durables qu’esthétique.
A Paris, des noyers noirs ont été plantés il y a tout juste dix ans. C’est dans le bois de Vincennes, au carrefour Herbillon, que l’on trouve un Juglans nigra planté en 1845. Ce spécimen atteint trente-et-un mètres de haut et cinq mètres de circonférence.
Ce noyer colossal est arrivé en France au XVIIe siècle, dans les bagages de John Tradescant.
Les autres espèces de juglans
Une autre belle espèce de noyer américain est un petit noyer texan. Le Juglans microcarpa aussi appelé Juglans rupestris ou Juglans nana possède un ravissant feuillage fin, dense et plumeux. Les cités californiennes aux avenues interminables sont ponctuées de petits noyers frileux à folioles multiples, Juglans californica et Juglans hindsii.
Si vous souhaitez un noyer pour orner votre jardin, un noyer à admirer, il vous faut choisir une espèce asiatique.
Juglans mandshurica et surtout Juglans ailantifolia, noyer japonais à feuilles géantes, ont été rapportés en Europe par l’allemand Siebold en 1860. C’est au bois de Boulogne, sur la petite île du Lac inférieur, que vous pourrez observer un Juglans ailantifolia âgé de cent trente-sept ans. Ce vénérable vieillard atteint 35 mètres et possède un diamètre de 3,08 mètres.
17. Les Maladies du Noyer
Maladies des Feuilles
Les maladies du feuillage, les plus visibles, sont l'anthracnose et la bactériose. Elles sont favorisées au moment de la floraison par des pluies importantes qui perturbent la pollinisation.
L'anthracnose est provoquée par un petit champignon qui répond au nom de Gnominia leptostyla et qui commence par couvrir la feuille de quelques points noirs qui s'élargissent en taches jaunes. Cela finit par provoquer une défoliation totale quand il ne s'est pas déjà attaqué aux noix vertes et aux jeunes pousses. Traité comme un pestiféré, après un bon fongicide, tout le feuillage contaminé est brûlé.
Maladies du fruit
La bactériose s'attaque quant à elle, surtout aux sujets qui commencent à fructifier. De petites tâches à marge huileuse sont les tout premiers indices. Les bactéries envahissent le fruit encore tendre qui devient noir et tombe. Quand elles s'attaquent aux noix déjà lignifiées, la coque sert de bouclier, mais le brou, malade, tâche la noix.
Maladies du tronc et des racines
Bien plus que le noyer noir, le noyer commun a un pied sensible, surtout à l'encre, provoquée par le Phytophtora. C’est un champignon qui s'attaque aux racines pour monter vers le collet où il va suinter des larmes noires. Ensuite le pourridié, dont l'agent, l'Armillaria mellea de couleur d'or, va faire couler du pus jaune et va marquer son territoire par des touffes de champignons au pied de l’arbre.
Ces mycéliums s'introduisent par les blessures faites aux racines lors de labours trop profondes. Des galles, rarement menaçantes pour la santé de l'arbre, dues à l'Agrobacterium radiobacter, se développent à la jonction des racines et du pied. Elles font parfois jusqu'à un mètre de diamètre, donnant de superbes loupes. On peut encore citer le polypore hérissé ou Xanthochrous hispidus, champignon qui fait pourrir le tronc.
18. Le Noyer mythologique
Un arbre de mythes et de légende
A l’époque préhellénique et en Crète principalement, le culte des arbres fut le pilier de la civilisation. L'arbre avait une âme, manifestée parfois par un dieu et plus souvent par une déesse. Du genre féminin, les arbres relevaient de la déesse mère, nourricière et féconde. Le noyer s'incarnait en une déesse, Karya ou Carya.
A la source mythologique se relient tous les membres de la famille des Juglandacées. Par exemple, Kar Carya engendre le genre Carya et le cerneau de noix.
Quand le culte dendrologique s'anthropomorphise, l'apparence humaine des dieux relègue l'arbre au rang d'attribut divinisé. Le noyer se trouve dédié à celle que Hadès enleva pour en faire la reine du royaume des morts, Perséphone.
Dans la légende classique, Dionysos s'éprit de la plus jeune des filles du roi de Laconie, le roi Dion. Elle s'appelait Carya et avait deux sœurs qui, de par leur jalousie, furent transformées en rochers. Par la suite, Carya mourut. Dionysos pour l'immortaliser l'incarna en un noyer fécond.
Avec la civilisation hellénique, Carya avait cédé peu à peu la place à la déesse de la nature, Artémis. Le mythe prétexte que c'est Artémis qui fut chargée d'annoncer la nouvelle de sa mort aux Laconiens. Ils érigèrent alors un temple à la déesse Artémis caryatis, la prophétesse.
Le temple avait pour particularité des colonnes en bois de noyer sculptées en forme de femmes, appelées les cariatides. Les jeunes filles étaient les piliers du culte, qui culminait lors de la récolte des noix.
Ces cariatides ont survécu aux âges, immortalisées dans la pierre du temple de l'art français, le Louvre. Elles ont été sculptées à la Renaissance, par Jean Goujon, puis par les sculpteurs Pierre-Jules Cavelier et Hector Lefuel, sous Napoléon III, lors du rattachement du Louvre aux Tuileries.
Les mythes antiques nous livrent ainsi la source de la dualité du noyer, dualité qui a survécu dans le folklore et les croyances : noyer féminin, mère féconde et prophétique, et noyer sinistre, attribut de la déesse des morts.
19. Le Noyer symbolique
Dans la religion
Arbre de vie, arbre de mort, le noyer est nourricier tout autant qu'il orne les cimetières avec ses cercueils.
Noyau de vie, germe de régénération, la noix sauve du déluge les gentils et les vertueux pour qu'ils aillent repeupler le monde. Aussi considéré comme un symbole fécond, le noyer se plante pour commémorer la venue au monde d'enfants premiers-nés.
Dans la religion, suivant Raban Maur, au IXe siècle, le noyer représente la pérennité de l'église. Selon A. de Saint-Victor, au XIIe siècle, la noix est le symbole du Christ. Ensuite, le brou est l'enveloppe charnelle de Jésus. Enfin la coquille représente la croix sur laquelle sa chair a souffert et le cerneau correspond à la divinité cachée du Christ.
La partie centrale de la noix prend le nom de "clou de bon Dieu". Ce nom vient de la ressemblance avec ceux qui ont fixé le Christ sur la croix. Ces clous auraient été taillés dans du bois de noyer.
La noix est le symbole de la foi et la coquille représente le Christ et l'écureuil cassant la coque, l'homme en quête de Dieu.
La Noix dans le mariage
Lors de la demande en mariage, la noix se fait l'alliée de l'élue et lui permet, par l'offrande d'un plat de noix, de signifier son refus du prétendant. De même, dans les lointaines contrées népalaises, la noix est la lettre d'adieux de l'épouse insatisfaite. A Rome, le marié jetait des noix sur son passage, comme en Sicile, où le blé et les noix déroulaient un chemin d'abondance devant les nouveaux époux. En Roumanie comme en Grèce, l'offrande de noix est un rite de la célébration nuptiale. Après la fête, on jetait des noix pour couvrir, de leurs claquements, les cris de la jeune mariée.
Enfin, dans les verts pâturages des Hautes-Alpes, sur le chemin des époux, une table était dressée à l'orée du village avec deux noix confites et un verre de liqueur que les époux devaient se partager pour être unis comme les coquilles d'une noix.
20. Histoire du Noyer Mystique
Les maléfices du Noyer
Arbre maudit entre tous en Europe, le sombre noyer s'oppose au chêne lumineux. De ses liens avec Proserpine et les Enfers, il lui est resté une sinistre réputation. Son ombre est pernicieuse, ses racines, de mauvais augure, provoquent le malheur dans les maisons et la mort des animaux. Deux ruses sont conseillées pour déjouer le maléfice. La première consiste à blesser l'arbre en cassant une branche ou en lui jetant une pierre et la deuxième consiste à s'y reposer de nuit car il n'y a plus d'ombre.
On dit que l'Italie et la Provence sont peuplées de sorcières. Cela vient du fait qu’il y a moult noyers. Chaque noyer à ses sorcières, de là vient son prestige. Il n'est pas donné à tous de les voir, encore faut-il faire une promenade solitaire les soirs de sabbat ou les soirs de la Saint-Jean. Si une coque traîne à terre, la sorcière s'en empare, prononce sa malédiction qui rebondit dans la coquille abandonnée pour anéantir le négligent. Les sorcières rusées offrent le diable aux enfants gourmands. A Rome, l'église Santa Maria del Popolo fut érigée à l'emplacement d'un noyer sous lequel, dit-on, dansaient des millions de diables.
Le Noyer de Bénévent
Cet arbre est le noyer le plus célèbre et le plus maudit. Il est localisé à Bénévent, la ville du même nom, auprès d'un fleuve appelé Sabbat. Voici quelques épisodes de l'histoire de ce noyer.
La veille de la Fête-Dieu, par un beau soir de lune, Lambert, le vieux bossu, remarque sous le fameux noyer, des personnes dansant en ronde et chantant en chœur : "Vive le jeudi et le vendredi”.
L'esprit vif et plein de répartie, il répond à ceux qu'il prend pour des moissonneurs : "Vive le samedi et le dimanche”. Cela suffit pour faire de lui un membre de la troupe qui ripaille gaiement. Clou de la soirée, le diable apparaît.
Notre Lambert, abasourdi, crie, par un réflexe coutumier : "O Jésus et sainte Marie." Tout disparaît à ce cri, sa bosse aussi, qu'il retrouve par-devant. Au chant du coq, il s'en retourne chez lui.
Sa femme ne le reconnaît pas sans sa bosse, ses créanciers non plus. L'explication veut que les sorcières lui auraient scié sa bosse avec une scie de beurre pour la placer devant.
Ensuite, au XIXe siècle, les scientifiques expliquent que la bosse de derrière correspond à l'ombre du soir, celle de devant à l'ombre du matin et la scie de beurre à l'aube. L'œuvre du diable s'accomplit donc la nuit et le noyer n'est autre que l'incarnation de celle-ci.
Deux personnages, Barbatus et Octavius Bilota, ont cherché à extirper la racine de la plante démoniaque. Mais, on dit que le diable a ensuite fait resurgir un noyer toujours plus vert. L'arbre, plusieurs fois centenaire, immense et mystérieux, disparu au XVII siècle.
21. Expression Noix
Si vous êtes arrivé à la fin de cet article, c’est que vous devez certainement être passionné d’arbre et de nature. Pour terminer notre analyse sur l’arbre qu’est le noyer, voici quelques expressions originaires de cette essence.
Sources d'inspiration littéraire et artistique, le noyer et la noix sont aussi à l'origine d'une ronde d'expressions populaires pour tous les types de tempéraments poétiques. Le répertoire est varié et se place sous le signe de l'ironie : à un curieux on répond "va écheniller tes noyers", ce qui le renvoie à s'occuper de ses affaires. Le philosophe moralise avec la maxime "nulle noix sans peine"; la noix est ici la récompense et le fruit du travail accompli.
Enfin, étant allé jusqu’au bout de cette chronique et pour nous soutenir, nous vous proposons de découvrir un ensemble de produits artisanaux fabriqués en bois de noyer. Avec ses couleurs et sa chaleur, cette matière sera parfaite pour embellir votre personne ou votre intérieur.